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       A cet endroit les rayons du soleil ne sont pas les premiers à venir projeter l'ombre des arbres sur mes flancs. Non ici, les premières lueurs sont bleutées et froides, elles proviennent de ce géant de béton qui m'observe et me guette durant mes nuits. Inlassablement. C'est d'ailleurs de cet édifice que viennent mes premiers passagers. Tôt le matin ils sortent les bras pleins, se déplacent dans la pénombre et se glissent discrètement jusqu'au quai. Le semblant de chaleur préservé en moi s'échappe alors rapidement par le biais des rares ouvertures sur l'extérieur.

Avant que le soleil ne pointe le bout de son nez, je me lance. Manette poussée, organisme froid, début difficile. Le premier départ est toujours plus dur. Laborieux sur les premiers mètres, je finis par atteindre une vitesse plus rapide, à présent je glisse sur ma route comme un navire glisserait sur l'eau. Le vent fouette mon visage et quelques gouttes d'eau viennent créer le flou sur mes yeux. Sur de moi et ma trajectoire, je poursuis ma course effrénée et arrive bientôt à mon premier point de rendez vous. La foule s'amasse ici, heureusement elle ne m'est pas destinée. Conscient de mon poids resté plume, je décide de fuir cet endroit le plus vite possible...

10h00

 

Je n'aime pas cet endroit, j'ai l’impression de gêner les autres. Ce n'est pas pour rien que tous le monde me regarde, le moteur chaud, comme s'ils étaient prêts à me rentrer dedans. De plus, tout est gris ici. La seule couleur c'est moi qui l'amène. Mon châle vert en ressort encore plus. Un peu plus loin je dois laisser la place a mes collègues chanceux qui ne commencent qu'à cette heure. Cette micro pause m'est cependant bénéfique. Ce n'est pas moi qui prendra du poids, ce sont eux. D'un autre côté, personne ne viendra alors me parler du monde extérieur ou m'expliquer pourquoi la faculté est bien plus intéressante que le grand A central. 

12h00 

 

Le moment le plus dur de ma journée, ce petit lapse de temps avant la délivrance où l'on croit que l'on va craquer, où l'on s'imagine s'arrêter, faire demi tour. Cette dernière ligne droite, elle est longue. Seulement l'arrêt est impossible, l'œil vigilant de l'autorité est posé sur nous, comme si chacun de mes faits et gestes était épié. Lorsque que je me dérobe enfin de mon épée de damoclès quotidienne, c'est le soulagement. Immense. Naturel. Verdoyant. Mon Versailles a moi, c'est mon endroit préféré. La douce brise du vent, le rayon du soleil qui chauffe ma peau et le clapotis de l'eau qui couvre ma voie intérieure si monotone. 

15h00 

 

Je me sens lourd. Je suis de plus en plus lent. Mes arrêts sont plus rapprochés. Le bruit devient assourdissant, je ne m'entends plus. La scène qui se déroule devant moi ressemble alors plus a un cirque qu'à un lieu de travail. De tous côté règne la zizanie, la foule envahit ma route m'obligeant à hausser la voie pour pouvoir me frayer un chemin. 

17h00 

 

Le temps d'une courte minute, je m'envole, libre ! Délesté de ma foule, je m'élève au dessus des flots comme un oiseau. Le soleil m'enrobe et anhile l'action du vent sur mon visage. Cette joie, si intense soit elle disparaît aussi vite qu'elle l'était venue. Et bientôt je suis à nouveau entouré de gris et le soleil disparaît derrière les toits des bâtiments. 

20h00

 

Mon voyage touche à sa fin.

 

 

 

écrit le 12 janvier 2017

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